Les différentes formes de défense

La défense nationale a pour objet d’assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agression, la sécurité et l’intégrité du territoire, ainsi que la vie des populations. La défense a été ainsi qualifiée de globale en raison des différentes composantes qui la caractérise.

En effet la défense globale se décline sous plusieurs formes :

a. La défense militaire
Elle relève de la compétence des armées de terre et de l’air, et de la gendarmerie. Ces dernières obéissant aux directives du pouvoir politique. Cette défense se doit de remplir des objectifs stratégiques de dissuasion, de protection et de prévention des menaces pour garantir la paix, les intérêts fondamentaux de la nation sur le territoire national mais aussi à l’étranger avec la participation à des opérations extérieures afin de garantir la stabilité internationale. On parle ainsi de missions de présence, ou de missions humanitaires ou de maintien de la paix, principalement dans le cadre de résolutions de l’ONU.

b. La défense civile
La défense civile est assurée par la Police nationale, la Police de l’air et des frontières, les pompiers, la Sécurité civile, les ministères et organisation de la Santé, du secteur des transports et des communications, les hôpitaux, les centres hospitaliers et de soin ainsi que les cliniques…. Elle est chargée de la prévention contre les différents risques tels que les risques écologiques (lutte contre la désertification, les vents de sables), les feux de brousse, les sécheresses, les inondations, la lutte contre les criquets, les fortes chaleurs, et ce aussi bien au Niger qu’à l’international.

c. La défense économique
La défense économique, organisée par les douanes, les ministères de l’économie, de l’industrie, de l’entrepreneuriat, de l’enseignement professionnel et technique, de l’enseignement supérieur et de l’innovation… a pour but de lutter contre les trafics et contrefaçons mais également d’améliorer la compétitivité en favorisant la production et la circulation des ressources nigériennes dans une économie mondialisée.
Il faut chercher à atteindre le plein-emploi pour permettre à toute la population nigérienne en âge de travailler de participer au développement du Niger. Il s’agit également de lutter contre des éléments tels que la désinformation informatique et l’exploitation illicite de brevets ou encore d’assurer la protection des transferts technologiques et des bases de données.

d. La défense culturelle
La défense culturelle avec les ministères de l’éducation, de la culture, de la jeunesse et des sports, les ambassades, les consulats…, ainsi que des programmes et des structures spécifiques, vise à garantir les valeurs républicaines ainsi qu’à assurer et à promouvoir le patrimoine culturel nigérien qui participe au rayonnement du Niger et de l’Afrique.

Le cas particulier de l’école

La première mission de l’école publique est d’instruire tous les jeunes nigériens, c’est-à-dire leur apprendre à lire, à écrire et à compter. L’école a aussi pour mission de transmettre les valeurs de la société nigérienne à savoir l’unité nationale, la paix, la solidarité, le respect des anciens, le travail… L’école est le lieu qui doit créer, au-delà de la transmission des connaissances, une communauté du respect de l’autre et de l’amour de sa patrie. Elle ne doit ni accepter les privilèges culturels, économiques et sociaux ni tolérer les affirmations dogmatiques qui entretiennent l’ignorance pouvant conduire à la violence.

La mission d’éducation à la citoyenneté de l’école est primordiale. L’école doit sensibiliser nos enfants aux enjeux contemporains d’ordre politique, économique, sécuritaire ou écologique.
L’école doit être le ciment de la nation. C’est la fondation à partir de laquelle nous pouvons construire notre maison commune qui est la nation nigérienne. Si nous perdons cette bataille nous perdrons le reste à savoir la santé, l’économie, la défense nationale, l’état de droit, l’unité nationale…voire notre souveraineté. Mais, en analysant de près la situation actuelle de l’école nigérienne, on se rend compte que nous sommes en train de perdre la bataille la plus importante pour la durabilité de la nation. L’école étant la mère de toutes batailles.

Un taux de scolarisation très faible
En dépit des progrès considérables enregistrés ces dernières années, des millions d’enfants nigériens n’auront jamais connu l’école. Au Niger, moins de deux enfants sur cinq (environ 40%) vont à l’école primaire. Dans le secondaire, ce taux n’atteint pas 20%. Cette situation va continuer de se dégrader dans les années à venir car la démographie ne cesse d’augmenter.
En faisant le choix de la culture de l’ignorance, nous risquons un suicide collectif ou une reprise en main du pays par des puissances et des intérêts étrangers qui attendent la moindre faiblesse de nos nations pour les attaquer. La nature ayant horreur du vide.

Un système scolaire inefficace
Au Niger, moins d’un élève sur dix (10% des effectifs) savent correctement lire, écrire et compter en fin du cycle primaire. Ce qui fait de notre système scolaire l’un des plus inefficaces au monde. Ce taux médiocre est un frein durable à toute forme de prospérité économique et sociale. Chaque année, nous dépensons des milliards de FCFA dans le système scolaire actuel pour former essentiellement des illettrés et des chômeurs.
Son fonctionnement actuel ne permet pas de former de futurs adultes capables de résoudre les immenses problèmes politiques, économiques, sociaux, sécuritaires… auxquels doit faire face la nation toute entière.

Un corps enseignant paupérisé et abandonné
L’enseignement est un métier et on ne peut pas s’improviser enseignant. C’est un métier exigeant où il faut avoir des compétences solides et beaucoup d’abnégation. Mais, depuis les années 90, l’enseignement est devenu progressivement le refuge des chômeurs avec un salaire de misère et des conditions de travail exécrables. Au primaire, les classes sont tellement surchargées que la plupart des enseignants font de la garderie au lieu de transmettre des savoirs. Nous avons accepté de confier l’instruction de nos enfants à des enseignants très mal formés et sous-payés. Ce choix irresponsable va nous coûter cher.

Conséquences, les enfants des classes moyennes et aisées ont abandonné l’école publique pour le privé. Là aussi, la qualité n’est pas forcément au rendez-vous. De plus, les classes moyennes et aisées doivent se rendre à l’évidence que c’est coûteux de payer la scolarité des enfants de la maternelle jusqu’aux études supérieures. Nous gagnerons tous à construire une école publique gratuite et de bonne qualité. Mais, en abandonnant l’école, la nation toute entière tourne le dos à son avenir et à tout espoir de redressement national. Un pays ne vaut que son école !

Repenser le système scolaire actuel
Il faut repenser le système scolaire pour l’adapter aux réalités économiques, sociales, culturelles et sécuritaires du Niger et au type de société que nous voulons construire. Nous pouvons par exemple créer une Haute Autorité de l’Education, dans une sorte de consensus national qui dépasse les clivages politiques, chargée de définir une stratégie nationale, d’assurer la cohérence des choix, de proposer des réformes et d’animer des débats publics sur l’état du système éducatif.
Il faut faire en sorte que l’apprentissage au primaire et au collège corresponde aux exigences les plus fondamentales de l’intégration des élèves dans leur environnement économique, socio-culturel et international. C’est une sorte de socle commun de connaissances, de compétences et de culture qui doit permettre à chaque jeune nigérien de réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen.

En plus de l’apprentissage de l’écriture, de la lecture et des sciences, nos élèves doivent apprendre aussi les langues nationales à côté du français, l’éducation civique et morale, le patrimoine culturel africain, l’agriculture et l’élevage, le numérique, le travail manuel et l’éducation financière. Nos élèves doivent apprendre la réflexion critique, le débat contradictoire et le respect des opinions différentes.
L’enseignement des STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) est la seule solution durable pour la prospérité des populations nigériennes. La lutte contre la pauvreté et la misère passe aussi par les progrès scientifiques et technologiques.

L’enseignement des STEM au Niger doit prendre en compte 6 composantes essentielles :

– Des contenus reliés à la vie quotidienne et aux intérêts des élèves (par exemple la malnutrition, les moustiques, le désert…) ;

– Un enseignement des sciences étroitement lié à la communauté (le manque d’électricité et d’eau potable, la dégradation de l’environnement, les maladies…) ;

– Un engagement des élèves dans un processus d’investigation, d’échange d’idées et de confrontation des preuves (apprendre à réfléchir et à raisonner par soi-même, apporter les preuves de ce l’on avance, écouter les idées des autres…) ;

– Le développement et l’enrichissement de la compréhension conceptuelle des élèves ;

– Le recours à des évaluations qui facilitent l’apprentissage et mettent l’accent sur les retombées pour promouvoir la culture scientifique ;
– l’utilisation des technologies pour rehausser le processus d’apprentissage et faciliter l’acquisition de représentations multimodales (plusieurs modes).

Revaloriser le statut des enseignants et aider les enfants pauvres

Il faut revaloriser le statut de l’enseignant en le rendant attractif et faire en sorte que les esprits les plus brillants de la société s’occupent de l’instruction de nos enfants. Dans une classe d’âge, il faut encourager les meilleurs à embrasser la carrière d’enseignant pour participer à la formation d’une société instruite et bien éduquée. Car les hommes et les femmes constituent la première richesse d’une nation.
Il faut aussi un vrai plan de carrière pour les enseignants, qui intègre la formation, l’accompagnement, l’évolution des rémunérations et un statut social. La nation doit faire confiance à ses enseignants pour leur permettre de travailler sereinement. L’école doit être à l’abris des calculs politiciens et mesquins afin de garantir un avenir meilleur à tous les enfants du pays. Nous pouvons exiger en contrepartie des résultats tangibles de la part du corps enseignant. Il serait même envisageable d’évaluer les enseignants pour qu’ils donnent le meilleur à la nation.

L’éducation nationale doit aussi nourrir les enfants les plus démunis pour leur permettre de mieux apprendre. D’où la nécessité de rendre accessible les cantines scolaires à tous les enfants qui en ont besoin. C’est une manière de redistribuer la richesse nationale au lieu de la dilapider dans des fonds politiques obscurs et dans les énormes avantages des 171 députés nationaux dont on peut douter de leur intérêt. Ce qui n’est rien d’autres que le pillage organisé de la nation.
Quand un enfant a faim ou malade, il ne peut pas s’instruire durablement. Il finit tôt ou tard par abandonner l’école. La pauvreté et les inégalités sociales sont les principales causes du décrochage scolaire, de l’exclusion sociale et nourrissent la criminalité et le terrorisme.

Adamou BOUBACAR
Professeur de Biotechnologie – Santé – Environnement
Directeur de Sahel Agropole
Président de l’Institut de la Défense Globale du Sahel

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