Le Forum économique mondial (WEF) a publié récemment les plus grands risques auxquels le monde fait face. Il a regroupé ces risques en cinq catégories comme le risque environnemental (dérèglement climatique), le risque géopolitique (confrontation entre grande puissance), le risque sociétal (polarisation de la société), le risque technologique (les fausses informations) et le risque économique (manque d’opportunités économiques). Ces chocs mondiaux recensés par le forum économique mondial n’épargnent pas l’Afrique. D’ailleurs, ils viennent amplifier les fragilités propres au berceau de l’humanité et de la civilisation malgré des atouts indéniables qui lui confèrent un avantage comparatif.
- Les atouts du berceau de l’humanité
L’Afrique a des atouts qui lui permettent de faire face aux chocs mondiaux, de se penser et de se voir comme une puissance incontournable du 21e siècle. Parmi ces atouts, nous pouvons citer :
a. La superficie : L’Afrique a une superficie de 30.415.873 km² (si on inclut les îles) soit 6% de la surface terrestre et 20% des terres émergées. L’Afrique est aussi vaste que l’Europe, les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et le Japon réunis. La géographie est un facteur de puissance incontournable.
b. La démographie : La démographie africaine est l’une des plus dynamiques au monde. Avec ses 1,4 milliards d’habitants, l’Afrique représente 17% de la population mondiale avec une croissance moyenne d’environ 4,5% par an et une population très jeune constituant une importante force de travail. Une population nombreuse et productive est une source de puissance.
c. Les ressources stratégiques : Les ressources naturelles et minières stratégiques incontournables pour le développement industriel du continent. L’Afrique possède 60% des terres cultivables mondiales et la deuxième forêt primaire au monde. Son sous-sol regorge d’importantes matières premières stratégiques comme le pétrole, le gaz, l’uranium, l’or, le diamant, le cobalt, … L’Afrique possède aussi l’un des taux d’ensoleillement les plus élevés au monde, indispensable pour développer l’industrie solaire et mettre fin à la précarité énergétique.
d. La diaspora : La diaspora africaine est un véritable atout et possède d’importantes ressources financières, scientifiques et technologiques. Selon l’Union Africaine, la diaspora africaine représente environ 200 millions de personnes. Elle jouera un rôle très important dans la transformation de l’Afrique en une puissance du 21e siècle.
- Les plus grands risques en Afrique
L’Afrique fait face à plusieurs défis contemporains qui varient d’un pays à l’autre, mais certains problèmes sont communs à de nombreuses régions du continent. Voici quelques-uns des principaux défis :
a. Développement économique : Bien que certains pays africains connaissent une croissance économique rapide comme le Rwanda, le Maroc, l’Algérie, l’Ethiopie…, les inégalités persistent et les écarts entre les riches et les pauvres ne cessent de croitre. De nombreuses économies africaines dépendent encore largement des exportations de matières premières (pétrole, gaz, uranium, bois, or…), ce qui les rend vulnérables aux fluctuations des cours mondiaux.
b. Gouvernance et corruption : La corruption et le manque de transparence restent des problèmes majeurs dans de nombreux pays (Erythrée, Burundi, Tchad, Comore, RDC, Soudan…). Des institutions faibles et une mauvaise gouvernance peuvent freiner le développement et perpétuer la pauvreté. Ce qui augmente les risques d’instabilité politiques.
c. Sécurité et conflits : Plusieurs régions en Afrique sont affectées par des conflits armés et des instabilités politiques, comme au Sahel, en Somalie, ou en République Démocratique du Congo. Le terrorisme, les guerres civiles et les violences intercommunautaires posent des menaces significatives. Ils existent des relations de cause à effet entre les prédations des matières premières stratégiques africaines et les conflits armés qui endeuillent le continent.
d. Santé publique : Les systèmes de santé sont souvent sous-financés et manquent de ressources. Des maladies comme le paludisme et le VIH/SIDA posent des défis majeurs. La mortalité maternelle et infantile est également élevée dans plusieurs pays.
e. Éducation : Bien que l’accès à l’éducation ait augmenté, la qualité de l’enseignement est souvent médiocre dans des pays comme le Niger, le Tchad, le Soudan…. De nombreux enfants ne terminent pas leurs études secondaires, et il y a un besoin urgent de renforcer les compétences techniques et professionnelles pour lutter contre le chômage massif des jeunes.
f. Dérèglement climatique : L’Afrique est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, comme les sécheresses, les inondations et la dégradation des sols. Ces phénomènes menacent la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.
g. Migration et urbanisation : L’exode rural vers les villes crée des défis en termes de logement, d’infrastructures et de services publics. Les migrations internes et internationales, souvent motivées par des conflits ou des conditions économiques, entraînent des dynamiques sociales complexes.
h. Infrastructures : Le manque d’infrastructures de base, comme les routes, les réseaux électriques et les services d’eau potable dans certains pays, entrave le développement économique et social.
Ces défis sont complexes, systémiques et nécessitent des solutions intégrées et durables de la part des dirigeants et des peuples africains. L’Afrique a des atouts indéniables et aussi des faiblesses qu’il faut rapidement corriger pour qu’elle soit une puissance du 21e siècle qui occupera la place qui lui revient sur l’échiquier mondial. Etant le berceau et la fille aînée de l’humanité – les huit milliards de terriens ont tous un ancêtre commun africain – la future puissance africaine doit œuvrer à réconcilier l’humanité avec elle-même afin de la protéger de l’autodestruction.
Adamou BOUBACAR
Professeur de Biotechnologie – Santé – Environnement
Directeur de Sahel Agropole
Président de l’Institut de Défense et de Sécurité Globales du Sahel
1 Comments
Sah
Merci pour ces précieuses informations cher professeur. C’est toujours bien de clamer nos atouts mais c’est aussi mieux de penser aux faiblesses qui jusqu’ici, nous tiennent en bas de l’échelle.
À nous d’agir maintenant pour que le 21è siècle soit africain.