La guerre économique est un concept qui désigne les rivalités et les tensions entre les acteurs économiques, tels que les entreprises ou les Etats, pour obtenir un avantage concurrentiel. Cela peut impliquer des actions telles que la concurrence agressive, la manipulation des marchés, les tarifs douaniers, les sanctions économiques et d’autres tactiques visant à affaiblir les adversaires économiques.
Selon Ali Laïdi, docteur en science politique et chercheur à l’Ecole de pensée sur la guerre économique (EPGE), « la guerre économique est l’utilisation de violences, de contraintes et de moyens déloyaux, ou illégaux, pour protéger ou conquérir un marché, gagner ou préserver une position dominante qui permet de contrôler abusivement un marché. La guerre économique s’exerce en temps de guerre comme en temps de paix. Elle est pratiquée par les Etats, les entreprises, les associations et même les individus. Sachant que rien n’échappe à la marchandisation dans un monde libéral, la guerre économique s’applique aussi bien à tous les produits et services qu’à tous les biens immatériels, comme la pensée (guerre des idées) ou les croyances (guerre des Eglises). »
Les principaux acteurs de la guerre économique sont généralement les États, les entreprises multinationales, les organisations internationales, les ONG, les groupes terroristes et parfois même des individus qu’on peut qualifier d’entrepreneur du chaos. Ces acteurs utilisent diverses stratégies telles que le lobbying, l’espionnage industriel, les cyber-attaques, les sanctions économiques, et d’autres tactiques comme le terrorisme par exemple pour atteindre leurs objectifs économiques.
Dans ce chaos stratégique, les pays africains peuvent adopter plusieurs stratégies pour protéger leurs intérêts économiques et assurer la sécurité économique de leurs populations :
- Diversification économique : Investir dans une gamme de secteurs économiques pour réduire la dépendance à l’égard de produits de base et augmenter la résilience aux chocs économiques. Cette diversification économique passe nécessairement par l’industrialisation des économies africaines.
- Renforcement des capacités institutionnelles : Améliorer la gouvernance, la transparence et la réglementation pour créer un environnement propice aux affaires et attirer les investissements nationaux, internationaux et de la diaspora. Se doter d’armées professionnelles, bien équipées et bien dirigées capables de défendre et d’assurer la sécurité nationale.
- Promotion du commerce régional : Favoriser les accords commerciaux et les alliances régionales pour stimuler le commerce intra-africain et réduire la dépendance aux marchés externes. D’où l’urgence d’intensifier le développement de la zone de libre-échange continentale (Zlecaf).
- Investissement dans l’infrastructure : Développer des infrastructures essentielles telles que les routes, les ports, les chemins de fer, le numérique, les centrales électriques et le transport de l’énergie… pour faciliter le commerce et stimuler la croissance économique.
- Développement des compétences : Investir dans l’éducation, la formation professionnelle, la recherche scientifique et technologique pour créer une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre aux besoins du marché du travail et de stimuler l’innovation.
- Diplomatie économique : Engager des partenariats stratégiques avec d’autres pays (les BRICS+ par exemple) et organisations pour promouvoir les intérêts économiques nationaux et renforcer la position de l’Afrique dans les négociations internationales.
En adoptant ces stratégies, les pays africains peuvent renforcer leur résilience économique et protéger leurs intérêts face aux défis de la guerre économique qui se déroule dans un environnement international fragile, anxieux, non linéaire et incompréhensible.
Adamou BOUBACAR
Professeur de Biotechnologie – Santé – Environnement
Directeur de Sahel Agropole
Président de l’Institut de Défense Globale du Sahel (IDGS)
4 Comments
Sah
Merci cher professeur. J’espère qu’un bon nombre d’africains prendront connaissance de ce magnifique article.
Des solutions concrètes et efficaces pour notre épanouissement.
De mon côté, je partage le lien au maximum.
Adamou Boubacar
Bonjour Agapit,
Je te remercie beaucoup.
Abdou adamou
Merci bien adamou pour les réflexions pertinente et constructifs
Adamou Boubacar
Bonjour Abdou,
Je te remercie beaucoup.