L’énergie est le plus grand moteur de la prospérité économique

En moyenne notre organisme a besoin d’un apport énergétique d’environ 2000 kcal pour fonctionner normalement en une journée. Cette quantité d’énergie, apportée par l’alimentation, lui permet de couvrir tous ses besoins journaliers (marcher, courir, lire, apprendre, dormir…). Nous pouvons faire le parallèle concernant le nombre de kwh (un kilowattheure permet de faire fonctionner un réfrigérateur pendant 5 heures) nécessaire à l’augmentation du niveau de vie d’une population donnée.

Les modèles mathématiques montrent que plus la consommation d’électricité augmente plus le niveau de vie augmente aussi. Autrement dit, il existe une corrélation entre l’indice de développement humain (IDH) et la consommation d’électricité par habitant. On estime à 2000 kwh/habitant et par an la quantité d’électricité minimum pour permettre à une population d’atteindre un confort de base. En Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud, la consommation moyenne d’électricité n’atteint pas 200 kwh/habitant/an. Nos économies souffrent donc de « malnutrition énergétique » chronique. C’est ainsi que, toute politique de développement économique qui n’est pas basée sur la production et la distribution d’électricité de bonne qualité et accessible à tous est tout simplement vouée à l’échec. Si nous voulons la prospérité économique et sociale durable, il nous faudra construire beaucoup de centrales électriques.

Les économistes admettent que l’énergie représente 50% (voire 60% selon certains) de la croissance du produit intérieur brut, le capital investi 35% et le travail des salariés 15%. L’énergie permet de démultiplier la productivité d’une économie. Par conséquent, le dynamisme démographique actuel de l’Afrique ne suffira pas à créer de la prospérité tant que la production énergétique ne sera pas suffisante pour accompagner les travailleurs africains. L’énergie est notre avenir, ce qui implique d’exploiter toutes les ressources disponibles.

Dans les 10 prochaines années, la consommation d’énergie va continuer d’augmenter partout dans le monde, sauf en Afrique où elle va stagner alors même que la population ne cesse de croître. Ce qui aggrave la précarité énergétique des populations rurales et pauvres. Actuellement, l’Asie (tirée par la Chine et l’Inde) produit 5 à 6 fois plus d’énergie que l’Afrique. Dans les 10 prochaines années, si rien n’est fait, cet écart sera multiplié par 10.

Electricité en Afrique ou le continent des paradoxes

 En matière d’électricité, l’Afrique est le continent des paradoxes : elle est à la fois un géant énergétique par les ressources dont elle dispose, et un nain électrique par les capacités réelles sur lesquelles elle peut s’appuyer. En effet, avec 18% des réserves d’uranium mondiales, 10% des réserves hydrauliques mondiales, près de 10% des réserves mondiales prouvées de pétrole, 8% des réserves mondiales de gaz et 6% des réserves mondiales de charbon, ce continent offre un gisement considérable de potentiels et de ressources énergétiques. Sans oublier le formidable potentiel solaire, ni les gisements géothermiques de l’est du continent, ou encore les gisements éoliens sur les zones littorales ni, bien sûr, la biomasse (bois) – 60 % des terres arables encore non cultivées dans le monde se situant en Afrique subsaharienne.

Autrement dit, la ressource énergétique est disponible et diversifiée, tant dans sa répartition géographique que dans sa nature, tandis que les ressources en énergies renouvelables offrent de réelles perspectives pour un développement électrique faiblement carboné. La déficience du secteur électrique pèse à hauteur de 30 à 60 % sur la productivité africaine, soit plus que la bureaucratie et la corruption.

Adamou BOUBACAR
Professeur de Biotechnologie – Santé – Environnement
Directeur de Sahel Agropole
Président de l’Institut de Défense Globale du Sahel (IDGS)