Depuis environ deux siècles, les sociétés qui affichent les plus hauts niveaux de vie et indicateurs de développement sont, en général, celles qui utilisent le plus les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), et donc émettent le plus de CO2 et de méthane. Les inégalités entre pays et entre groupes sociaux à l’intérieur des pays sont donc directement reliées à la consommation inégale d’énergie.
En tenant compte du rôle moteur de l’accès à l’énergie dans le développement économique, le Niger a plusieurs options concernant la commercialisation de son pétrole.
Option 1 : Raffiner au Niger une grande partie du pétrole brut et alimenter les centrales électriques nigériennes afin de passer d’un taux d’électrification de 18 % (selon la CEDEAO) à 100 %. Autrement dit, raffiner et produire de l’énergie pour les besoins domestiques et industriels du Niger et exporter le surplus dans la sous-région. D’autant plus qu’il y a une corrélation entre la précarité énergétique et la pauvreté. L’accès à une énergie bon marché est une des clés les plus importantes du développement économique d’un pays. Les courbes de longévité des êtres humains et celle de leur consommation énergétique vont dans le même sens, que ce soit au plan historique ou géopolitique.
D’après les données de l’AIE de 2014, la consommation d’électricité moyenne d’un habitant d’Afrique de l’Ouest est de moins de 200 kWh par an (avec 1 kwh vous pouvez faire fonctionner un réfrigérateur pendant 5 heures). A titre de comparaison, un Français consomme plus de 7 000 kWh par an en moyenne (soit 35 fois qu’un ouest africain) et un Américain plus de 13 000 kWh par an (soit 65 fois). On ne peut pas parler sérieusement de l’industrie et du digital sans maîtriser l’énergie. Au commencement, il y a l’énergie et le reste en découle. Tant que les capacités énergétiques des pays africains n’augmenteront pas, il est illusoire d’espérer la prospérité.
La déficience du secteur électrique pèse à hauteur de 30 à 60 % sur la productivité africaine, soit plus que la bureaucratie et la corruption. La maîtrise de l’énergie a été le moteur de l’évolution de l’Homme, depuis la conservation du feu et la capacité de le produire. Aussi, parler de l’énergie, c’est parler de l’organisation de la société, et notamment de sa composante économique, puisque la maîtrise de l’énergie sert tout
particulièrement à décupler la force humaine.
Une électrification complète de l’Afrique entraînerait, selon les estimations de la Banque Mondiale, une hausse de sa croissance annuelle de 10 à 15% sur une période de 15 ans. L’Afrique aurait besoin, chaque année, d’augmenter sa capacité de production en électricité de 7 GW (GigaWatt) afin de répondre aux besoins. Mais sur cette même période d’un an, les nouvelles installations ne fournissent que l’équivalent d’un GW supplémentaire. Sans électricité, il n’y aura pas de prospérité économique en Afrique. L’énergie est la clé de la prospérité économique et sociale.
Option 2 : Continuer à exporter le pétrole brut nigérien à travers le Benin sachant que ce pays frère est dirigé actuellement par un gouvernement hostile au Niger.
Option 3 : Créer un port sec à Gaya (Dosso dans le sud-ouest du Niger) et une raffinerie afin que le Niger puisse exporter son pétrole raffiné dans la sous région, et même au-delà.
Option 4 : Réactiver le projet de pipeline Agadem (Niger) – Doba (Tchad) afin d’exporter le pétrole vers le Cameroun.
Option 5 : Contourner le Benin en passant par le Burkina Faso et le Togo.
L’exportation du brut nigérien est-elle une bonne option sur le long terme pour le Niger et l’Afrique ? Il faut savoir qu’un subsaharien consomme moins de 200 kwh/an contre 13 000 kwh/an pour un américain. Cette précarité énergétique est un frein au développement économique et tous les entrepreneurs africains butent sur cet obstacle. L’Afrique doit utiliser toutes les sources d’énergie disponibles pour rendre prospères nos économies.
« Répondre aux besoins en énergie d’une population en forte croissance et de plus en plus urbaine, en Afrique, est crucial pour son avenir économique et énergétique – et pour le monde. », affirme le Dr Fatih Birol, Directeur exécutif de l’AIE.
Adamou BOUBACAR
Professeur de Biotechnologie – Santé – Environnement
Directeur de Sahel Agropole
Président de l’Institut de Défense Globale du Sahel (IDGS)
26 Comments
Martin Cece THEA
Vous traité des sujets très interessant et très peu de personne comprennent les enjeux.
Je suis très ravis d’un telle disernement
Sah
Ça m’écœure que le Bénin, naïvement, continue à penser qu’il est la seule option pour l’exportation du pétrole nigérien. Le Bénin est le plus perdant dans cette affaire.
Votre analyse est juste fantastique. Merci cher professeur 🙏🏽
Galadima
patrice talon c’est un con
Gagaré
À chaque chose malheur est bon…grâce au benin nous allons être encore plus imaginatifs
Yacoubou Amadou
Le Niger peut passer par l’option 5 qui préconise le contournement du Bénin qui est un pays ennemi pour la livraison du pétrole brut par le port autonome de Lomé
Magloire ODOU
L’analyse est claire, il faut que le Niger Transforme son pétrole localement. C’est un facteur déterminant pour l’industrialisation
Rzak NeRoi
Je peux dire que la meilleure chose à faire ce de donner le droit aux jeunes pétrolier nigérien de bien étudier sur le pétrole du Niger sui je dis étudier je vais dire (faire beaucoups d’analyses et le propre droits de recherche sur le pétrole nigérien ainsi que pour souvent mon beaux-pays de cette situation orible des ennemis jurés, et quant à vous mon gouvernement c’est à vous de prendre en charge la sublisation de la jeunesse nigériens sur l’aventage d’un pays content de la richesse mondiale n°2 le pétrole l’honneur à vous mon excellence Monsieur le président chef des conseils pour la sauvegarde de la patrie chef de l’État.
🇳🇪 Vive le Niger 🇳🇪 pour l’honneur.
,,,,,,,,,,,, de la patrie ,,,,,,,,,,,,,,,,
Kassy
Sans oublier le nombre d’emplois que cette option va créer. ..
KANA
Être perdant signifie qu’on perd quelque chose qu’on possède déjà. Or le pétrole nigerien serait un additif pour le Bénin. Donc ce dernier pays ne perd rien!
Nguemadjingaye
Je suis entièrement d’accord avec vos propositions qui cadrent avec les miennes. Du coup quand j’ai suivi l’interviewer du PM du Niger cela m’est venu automatiquement en esprit. Il faut abandonner le projet pipeline avec le Bénin même si des coûts considérables sont engagés. L’option Burkina -Togo est la meilleure
Asiko
J’ose croire que l’option Burkina Faso /Togo est vraiment la meilleure et la plus courte pour mettre fin au chantage du Bénin.
Godefroy ZINSOU
Merci pour l’analyse pertinente des possibilités pour la république sœur du Niger face aux réactions incompréhensibles du président de mon pays. Je voudrais faire remarquer, qu’un tel projet tien compte du relief des territoires traversés.
La chaîne montagneuse Atakora-Togo-Akouapin est une difficulté majeure pour un pipeline. Il y a aussi la distance en kms et la sécurisation des installations.
C’est juste un avis. Le Bénin mon pays reste la meilleure option après la construction de raffinerie au Niger. Les gouvernants et gouvernements changent, ils sont tous de passage, seul les peuples et les infrastructures de développement reste et consolident l’amélioration du vivre ensemble.
J’ai aimé le discours du 1er ministre du Niger. Dieu sauvera l’Afrique des pauvres et spoliés dans ce combat pour l’autonomie.
Oniondon Odilon KOKOROKO
Il est vrai qu’un pays ne peut se développe sans l’exploitation des richesses de ce pays
Et vois aujourd’hui le Niger et d’autres pays qui sont dans l’exploitation des richesses de leur terre dont le pétrole en fait partie, ça doit pousser le Bénin à aller à la recherche de la découverte des richesses de notre sol. Pour nous permettre d’évoluer et de laisser les débats inutiles.
Moussa
Merci mon cher professeur. Ce gouvernement a besoin de grands spécialistes dans divers domaines pour faire face aux défis rendus nécessaires par la nouvelle vision du peuple. La chaine des valeurs liées au pétrole est énorme. Dans un contexte de défis de création monétaire ,il faut que le pays soit en production . On ne se développe pas en exportant les matières premières dont on a besoin. Certes les défis de court terme sont importants ,c’est pourquoi le gouvernement ne doit PS se laisser distraire.
Bala
Merci professeur pour les différentes options.
Kolé Ogo Winda
Je ne prophétise pas parce que je ne suis pas un prophête. Mais à analyser les choses, le Bénin vient de poser un mauvait pas au commencement des choses, montrant à son partenaire, le Niger, qu’il ne lui garantit aucune confiance, aucun sérieux concernant ce partenariat. Ainsi, il lui demande de chercher immédiatement d’autres voies parallèle pour écouler son pétrole. C’est dommage que ça se psse ainsi aux premières secondes du jour de ce busness où le Bénin aussi a son compte. Cet acte assombrit tout et crée gravement une atmosphêre de méfiance du côté du Niger. On dirait que le Président du Bénin n’a aucun bon conseiller en diplomatie et multiplie des erreurs face aux affaires internes au Niger. Au finish, le Bénin sera le seul perdant car le Niger va devoir multiplier ses voies d’écoulement de son pétrole à la côte et se passer de celle du Bénin. Ce sera dommage pour le Bénin !
Magloire ODOU
Pourquoi la Chine ne veut pas construire une raffinerie au Niger.
KONE
Bonne question. Pourquoi l’exploitant Chinois n’investirait pas dans la construction d’une raffinerie? Et si le pétrole nigérien était moins rentable à long terme pour le partenaire chinois qui n’est pas un bon samaritain j’imagine d’où l’option de l’exportation du brut.
TRAORE ABDOU MAGUIDOU
Très belle analyse. Espérant que les autorités Béninoises reviennent sur leur décision pour jouir aussi de ce grand projet.
Tsafack Gabin
Il faut RAFFINAGE sur place le PÉTROLE 🛢 brut. Les investisseurs privés AFRICAINS (Nigéria,……..) ont déjà de l’expérience dans les RAFFINAGE privés
Eric
Produire et commercialiser le pétrole en produits finis seraient plus profitable au Niger. Tout est une question de vision. Au lieu d’investir dans des pipelines, le Niger peut investir dans des usines de transformation de pétrole et être un acteur majeur dans la sous-région, et ai delà
Sylvestre
A mon humble avis votre analyse aurait été complète et sérieuse si elle incluait les coups pour chaque option et les impacts économiques à court et à long terme pour les peuples concernés surtout qu’elle vient seulement après la crise actuelle. En l’absence de coût je suis tenté d’y lire l’émotion du moment et donc l’exposition de votre posture face à la crise. Sans perdre de vue que les contours juridiques ne sont pas à négliger.
ZAMBLE NENEBI
L’idéal serait de raffiner le pétrole du Niger localement. Cependant, le Niger a urgemment de la liquidité maintenant
Boff
Si vous considérez le Bénin comme pays ennemi, son port et ses eaux doivent être considérés comme ennemi. Le Bénin n’est pas à la guise du Niger. On doit tous se respecter..
TCHADAKO
Merci pour votre analyse.
Mahamadou SOUMAILA
Bonjour monsieur Adamou,
Très belle analyse.
Je souhaiterais que les Nigériens optent pour l’option 3 qui consiste à créer le port sec à Gaya.
C’est vrai, nous avons besoin d’argent dans l’immédiat. Néanmoins, il nous faut continuer le combat, pour une liberté totale.
L’option 3 est selon moi la plus avantageuse à long terme. Elle va nous permettre non seulement de régénérer plusieurs emplois, mais aussi la transformation des dérivés issus de la transformation du brut en plastique, paraffine et plein d’autres choses. C’est aussi un grand manque à gagner dont nous allons bénéficier si la transformation se fait sur place.